Me rejettera-t-il?

Cette question n’en est pas réellement une car j’en connais déjà la réponse. Nous savons que les enfants grandissent, toujours trop vite au goût de certain(e)s dont je fais partie. Nous aimons pourtant les voir évoluer et apprendre, nous apprécions leurs progrès mais une certaine nostalgie nous assaille malgré tout.

Je redoutais cet instant, et le fait que ces moments rien qu’à nous finissent par disparaitre. Ayant déjà vécu cette situation auparavant, je me disais que je la surmonterais plus facilement mais il n’en est rien.

C’est douloureux, je ne saurais décrire avec des mots ce que je ressens réellement.

Je le prend pour moi, même si je sais que je n’y suis indirectement pour rien. Il me rejette et me repousse; il ne veut plus de moi.

Il grandit et c’est un sevrage naturel mais de mon point de vue, je me sens abandonnée.

Câlin

A l’époque, lorsque mon grand garçon de deux ans s’est sevré, il ne prenait déjà plus le sein que le matin au petit déjeuner depuis plusieurs mois. Le reste du temps, il préférait boire de l’eau et manger « comme les grands ».

Finie la tétée rituelle du soir, celle que je chérissais tant: notre câlin rien qu’à lui et moi. Je me contentais de celle du réveil, l’une des plus douces qui soit, celle après laquelle le petit garçon grognon laissait place à un petit garçon bien mieux réveillé et de bonne humeur.

J’étais enceinte de son petit frère et j’ai appris par la suite que la grossesse change le goût du lait maternel. Il ne lui plaisait donc plus et c’est pour cette raison que les tétées étaient de plus en plus courtes ou disons quasi inexistantes.

Jusqu’au matin où il m’a repoussé et a refusé ne serait-ce que de s’allonger contre moi, sa tête dans le creux de mon coude. Les matins suivants furent les mêmes.

Je me suis alors rendue à l’évidence que notre allaitement était terminé.

Il m’a fallu de longues semaines pour m’en remettre mais au fond de moi, je peux dire que j’ai toujours une petite boule au ventre quand je repense à cette période.

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Ainsi, quand je suis tombée enceinte de mon troisième enfant, je savais que ce moment finirait par arriver. C’est même la première chose à laquelle j’ai pensé en dehors de ma joie d’être à nouveau enceinte.

Approchant des trois mois d’aménorrhée, les tétées s’écourtaient mais étaient toujours présentes. Uniquement celles du matin depuis quelques semaines par contre, au moment où il a vraiment faim et que limite il avalerait n’importe quoi. Les autres tétées de la journée ont disparu car le lait avait déjà changé de goût, mais pas encore suffisamment pour qu’il me repousse le matin.

Mais cette fois-ci, je pense que c’est réellement terminé.

J’ai toujours rêvé de faire l’expérience du co-allaitement et voyant mon petit dernier continuer de téter alors que je savais être enceinte, je me faisais à l’idée que ce serait possible. Mais j’avais mal calculé.

***

Je sais que ce n’est qu’une étape de la vie mais l’allaitement de mes enfants a toujours été pour moi extrêmement important et vital. Plus pour moi qu’eux à bien y réfléchir. Je subis un certain mal-être ces temps-ci mais n’en laisse rien paraitre car cela serait encore plus égoïste de ma part.

Mon grand a voulu revenir lorsqu’il a vu son petit frère téter et je me suis réjouis que cela l’intéresse encore. Mais il avait perdu le réflexe et ne savait plus téter. J’en parlais >>ici<<. Je crains que pour mon petit dernier, cela ne se passe de la même manière.

Une page se tourne.

Mon bébé devient de plus en plus un petit garçon.

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